Je vous propose ici une analyse qui ne fait pas office d’affirmation, mais de simple réflexion issue de ce que j’observe sur les nombreux perroquets que j’ai en suivi chaque année.
Malgré une alimentation qui nous semble être complète et diversifiée, nos perroquets souffrent régulièrement de certaines carences en captivité.
La vitamine D par exemple, si précieuse et qui fonctionne plutôt comme une hormone, est naturellement produite par un organisme exposé aux UV de la lumière solaire.
Cette vitamine D est également un nutriment indispensable à l’absorption et la fixation de certains minéraux et oligo-éléments tel que le calcium ou encore le phosphore.
Elle joue un rôle essentiel au niveau du système osseux, musculaire, immunitaire et neuronal.
Malheureusement, dans nos contrées d’Europe et d’Amérique du Nord, notre ensoleillement annuel ne permet pas une production suffisante de cette vitamine tout au long de l’année.
Alors, où la trouver autrement que via les rayons du soleil ?
Elle n’est pas biodisponible dans des ressources alimentaires d’origine végétale , et c’est pourquoi les paquets d’extrudés vendus pour oiseaux indiquent systématiquement un apport supplémentaire en vitamine D3 d’origine animale, , qui s’avère être la seule forme absorbable par l’organisme.
Nos perroquets sont programmés à vivre en zone équatoriale pour la plupart des espèces, ils n’ont pas à se soucier de ce type de carence dans leur habitat naturel. L’ensoleillement ne varie pas de manière significative, alors qu’il s’avère suffisant seulement une petite partie de l’année par chez nous…
Suffisant à la belle saison, pour des oiseaux disposant d’un accès quotidien à l’extérieur bien évidemment !
N’allez pas imaginez que nos perroquets puissent combler leurs besoins au travers d’une fenêtre…
La bonne nouvelle, c’est que sa caractéristique liposoluble permet son stockage sous forme de réserves dans l’organisme (dans le gras et le foie notamment).
Cette réserve est utile pour fournir assez de vitamine D à l’année pour des animaux vivant dans des régions moins ensoleillées ou subissant des aléas météorologiques ponctuels. Comme c’est le cas de nos amis à plumes.
La réflexion qui m’amène à écrire ce post, c’est que je constate avec inquiétude que de très nombreux perroquets souffrent de carences récurrentes, notamment en cette précieuse vitamine, même ceux qui vivent en extérieur toute l’année !
Étant donnée son importance, il n’est pas surprenant que bon nombre de nos oiseaux soient touchés par des soucis de santé courants, problèmes de peau, de plumes, et tentent parfois tant bien que mal de combler leurs besoins par des formes de picage type cannibalisme (mutilation et consommation des plumes sur eux même ou sur leurs congénères).
Pourquoi pas en ajouter de manière artificielle dans leur repas quotidien ?
Mauvaise idée figurez-vous…
Les compléments alimentaires de vitamines isolées n’ont pas la même efficacité que des vitamines naturellement contenues dans les sources alimentaires, pour la simple raison que chaque nutriment fonctionne avec des cofacteurs (c’est à dire d’autres nutriments, comme le magnésium par exemple dans notre cas d’étude ici).
Ceci signifie qu’une vitamine isolée peut ne pas être absorbée du tout, même si vous surdosez. Voire, elle peut s’avérer toxique si elle est distribuée sans ses fameux cofacteurs !
C’est d’ailleurs le cas de la vitamine D (L’excès de vitamine D par Larry E. Johnson , MD, PhD, University of Arkansas for Medical Sciences).
Un autre point que je trouve assez inquiétant, c’est que les lampes UV pour oiseaux prévues à cet effet ne semblent pas ou peu efficaces, et les signes de carences perdurent malgré une exposition quotidienne de plus de 12 heures/jour à la lumière artificielle.
Je n’irais pas jusqu’à affirmer sans preuve que ces lampes sont inutiles, mais je pense que les besoins de nos oiseaux sont si importants qu’elles ne suffisent pas à les combler. En tous cas, c’est mon sentiment…
Alors quelle est la meilleure option ?
Les sources animales de vitamines D3 semblent être une solution efficace puisqu’elles apportent une amélioration de l’état de santé général de l’oiseau et une disparition des symptômes de picage et de cannibalisme.
Rien que de fournir des œufs régulièrement semble être suffisant pour certains cas.
Mais refaire des stocks de vitamine D peut demander une longue période de complémentation. Non seulement parce que la carence peut être très importante, mais aussi parce que l’absence de cette vitamine aura inévitablement conduit vers d’autres carences, en calcium notamment.
Les œufs n’apporteront pas tout ce dont l’oiseau a besoin et c’est pourquoi d’autres sources animales s’avèrent être d’excellentes alternatives pour les cas les plus graves, tel que les os de poulet cuit, le gras et le muscle.
La sardine entière en boîte avec le squelette et les organes internes, sans risque d’intoxication aux métaux lourds, sont aussi un mets de choix. L’huile de foie de morue que je recommande depuis bientôt 2 ans est une excellente source de vitamine D3 (et pas que).
Vous trouvez cela étrange ?
Pour des espèces consommant régulièrement voire quotidiennement insectes et petits animaux in situ qui s’avèrent 3 fois plus riches en gras, micronutriments et protéines que nos propres ressources… est-ce vraiment bizarre de fournir des alternatives accessibles et saines finalement ?
Sans surprise d’ailleurs, les espèces qui souffrent le plus souvent de carences et troubles de la peau et du plumage (picage) sont celles qui consomment le plus de ressources animales dans leur environnement naturel.
Hasard ou pas, pour ma part je continue de creuser… mais clairement, je tiens quelque chose.
Peut-être que cela vous surprend, ou vous choque, de savoir que je fournis quotidiennement diverses ressources de protéines animales à mes perroquets. Mais mon constat est le suivant, cela fait plus d’une année et demi que j’en propose : ils n’ont jamais été en aussi bonne santé, alors que j’ai lutté pendant de nombreuses années contre candidoses buccales et pododermatites chez mes aras, qui me paraissaient comme être un mal inévitable pour des oiseaux ayant d’importantes dépenses énergétiques journalières !
Encore un sujet de post intéressant d’ailleurs…
Si vous saviez les ingrédients cachés discrètement dans les paquets d’extrudés, vous n’avez pas idée de la quantité d’aliments de mauvaise qualité (je reste polie) dont se nourrissent généreusement nos compagnons à plumes… alors quel est le plus étrange, donner du brut biodisponible aux intérêts nutritionnels multiples, ou du transformé issu des productions céréalières et restes de l’industrie agroalimentaire humaine ?
Pas étonnant que nos perroquets captifs soient en si mauvaise santé à l’heure actuelle…
Pour ma part, le choix est vite fait.
Dernier point de cet article et après je vous fous la paix avec mes réflexions, je pense que nos oiseaux sont les plus à même de nous indiquer quels sont leurs véritables besoins nutritionnels.
Pour illustrer ce propos, je vous propose une petite vidéo.
Encore une fois je n’affirme rien, j’observe, je réfléchis et je cherche, voilà tout.