Pour moi, la définition du vol libre est la suivante :
« Permettre à son perroquet d’évoluer librement à l’extérieur, sans restriction ni contrainte, et après lui avoir appris à maîtriser son vol, s’orienter et rentrer à la demande. »
On est tous d’accord là dessus, le vol libre c’est beau. Le vol libre fait vendre du rêve…
Mais n’oublions pas que le vol libre reste et restera, quel que soit le niveau du perroquet ou le vôtre, une pratique à risques.
On ne fera jamais suffisamment de piqûres de rappel à ce sujet, mais ce n’est pas pour souligner l’omniprésence des risques que je souhaitais faire cet article.
Je propose chaque années des formations accompagnées pour le vol libre, et je suis régulièrement confrontée à des demandes que j’estime être injustifiées ou déraisonnables.
Peut-être que cela peut vous surprendre, mais ne devient pas dragonnier qui veut.
Toutes les demandes ne sont pas réalisables pour deux raisons :
La première raison concerne le choix de l’espèce. Je ne souhaite pas encourager la pratique du vol libre avec toutes les espèces de perruches et perroquets. La pratique du vol libre est bien plus risquée avec certaines espèces, selon leur mode de fonctionnement et leurs capacités de vol.
J’explique régulièrement ce phénomène sur les réseaux, et les calopsittes sont parmi les espèces qui présenteront beaucoup de difficultés.
Ce qu’il faut toujours garder à l’esprit lorsque l’on est tentés par le vol libre avec ses compagnons à plumes, c’est que la plupart des espèces peuvent parfaitement s’épanouir en captivité sans pour autant bénéficier de sorties à l’extérieur, pourvu que leur environnement de vie permette de répondre à leurs besoins fondamentaux.
Quels sont-ils ?
À mon humble avis, et après toutes ces années à les étudier, j’estime que tout perroquet de compagnie a besoin de ceci pour être épanoui :
*Un espace de vie adapté qui lui permette de voler, détruire, interagir et explorer quand il le souhaite, indépendamment de notre disponibilité ou indisponibilité.*
Ce qui suggère qu’un perroquet quel qu’il soit doit pouvoir évoluer :
– Dans un espace suffisamment grand permettant l’exercice du vol (pas de grandes envolées et des pirouettes, on est d’accord, mais un minimum). Plus l’espace est grand, mieux c’est.
– Dans un espace suffisamment enrichi en occupations pour rompre avec l’ennui et permettre l’exploration, la destruction (jeux, éléments nouveaux, foraging).
– Dans un espace où cohabitent au minimum un autre individu compatible avec lequel avoir des interactions PERMANENTES riches (positives, négatives ou neutres).
Je rappelle qu’un canari ou un mandarin NE sont PAS des congénères potentiels !
Pour des oiseaux apprivoisés ayant créé des liens avec l’humain, on peut considérer ce dernier comme une forme d’enrichissement dont les bénéfices peuvent être considérables (sans parler de vol libre encore) :
– Auprès d’un ou plusieurs humains ayant acquis les bonnes bases de communication qui servent à cohabiter de façon harmonieuse puis proposer des interactions de qualité, positives et stimulantes.
Puis, dans mon esprit il y a le *bonus 2.0*, la cerise sur le gâteau : Les sorties régulières en vol libre.
Je pense que le vol libre sans aucune forme de restriction ou de contrainte comme je le pratique, ne peut pas se dérouler sereinement si en amont nous n’avons pas considéré l’ensemble des besoins fondamentaux de nos perroquets.
Je pose une première question :
Si nos oiseaux peuvent bénéficier de sorties régulières qui contribuent grandement à leur bien être, comment auraient-ils l’envie de revenir, de répondre à notre rappel au doigt et à l’œil si au bout du compte ils se retrouvent dans des conditions de vie hautement frustrantes, non-épanouissantes ?
Alors quoi ? On sort le perroquet pour son propre plaisir puis on le range dans « son placard » après usage ?
C’est parfois l’idée qui ressort dans certains messages (très peu dans le tsunami que je reçois chaque jour, je vous rassure, mais suffisamment pour justifier ce propos).
Ce n’est pas comme ça que je perçois les choses, et je pense que vous non plus finalement.
« Oui mais mon perroquet n’est enfermé dans sa cage que lorsque je ne suis pas là. »
Je déteste cette excuse… qui reste 24h chez soi ?
Et si effectivement votre oiseau est tout le temps sorti, êtes-vous totalement à sa disposition ?
Et si c’est encore le cas, alors concrètement à quoi lui sert cette fichue cage ?
Et puis votre oiseau a DE TOUTES FAÇONS besoin d’un congénère pour s’épanouir, car c’est la qualité de son groupe social (humains et oiseaux) qui GARANTIT le retour d’un perroquet (où en tous cas sa motivation à rentrer chez lui, qu’il en soit capable ou non).
Bien au delà du vol libre, l’apport d’un congénère et d’un espace de vie adapté seront les paramètres indispensables à l’épanouissement de votre perroquet.
Le vol libre viendra plus tard, avec des espèces présentant peu de risques et qui peuvent en tirer des bénéfices suffisants.
Comme j’aime le dire souvent à mes élèves, n’oublions pas que le vol libre n’est pas une solution à la captivité, mais un bonus qui améliore la qualité de vie dont nos oiseaux disposent déjà.
Votre perroquet ne doit pas dépendre de vous ou de ses sorties pour être bien, il doit pouvoir être épanoui même lorsqu’il ne sort pas, que vous soyez disponible pour lui ou non.
Alors, avant de vous empressez de vouloir suivre des formations, questionnez-vous déjà sur ce que vous offrez à vos oiseaux et ce qui peut être amélioré pour une belle qualité de vie quotidienne.
Un oiseau épanoui, dont les besoins fondamentaux sont comblés en permanence, est un oiseau facile à vivre et sans souci de comportement.