Je suis chaque fois attristée de devoir faire cette piqûre de rappel qui résonne pourtant en moi comme une évidence absolue.
« Pour ou contre la taille des plumes de vol ? »
Cette question ne devrait en réalité jamais se poser, puisqu’il n’existe qu’une seule réponse possible.
A ceux qui prétendent que chacun y voit midi à sa porte, je répondrai que l’on ne peut avoir d’avis sur un acte aussi barbare que celui-ci.
A ceux qui disent que c’est indolore, et que c’est comme couper des cheveux, je répondrai que si vos cheveux étaient votre principal moyen de locomotion vous percevriez cette pratique d’un autre œil.
A ceux qui disent que leurs perroquets sont les rois de la grimpette et trop « fainéants » pour voler, je répondrai que leurs oiseaux ne volent pas, non pas par fainéantise, mais parce qu’ils n’ont pas appris à le faire.
A ceux qui prétendent que la taille des plumes de vol est un acte d’amour, parce qu’ils craignent trop de perdre leur oiseau à l’extérieur, je répondrai que leur définition de l’amour est fausse.
Aimer, c’est avant tout respecter la nature de l’autre et lui permettre d’accéder à son épanouissement.
Aimer, c’est parfois aller à l’encontre de nos propres envies et devoir refréner nos peurs.
Aimer, c’est aussi accepter l’autre dans son intégralité, avec ses qualités que l’on aime tant, et bien sûr les « inconvénients subjectifs » avec lesquels il nous faut apprendre à cohabiter.
A ceux qui prétendent qu’il est plus facile d’apprivoiser un perroquet aux ailes taillées, je répondrai qu’aucune relation saine ne peut naître de la contrainte. L’oiseau qui ne peut fuir le contact peut finir par y être résigné et se laisser faire… mais se laisser faire, ce n’est pas apprécier.
Comment peut-on parler d’amitié et d’amour lorsque l’échange est biaisé par un acte de mutilation qui rend la fuite impossible ?
Lorsque son propre intérêt passe avant celui de l’autre, on ne parle pas d’amour, mais de choix égoïste.
Nos perroquets ne ressemblent pas à des animaux terrestres. Leurs ailes longues, leurs pattes courtes et leurs puissants muscles pectoraux indiquent qu’ils sont sculptés pour le vol.
Je ne parle pas de petites volées de gallinacés apeurés, mais bien de longs vols dynamiques et endurants.
Le vol permet au perroquet de développer sa musculature, son système cardiovasculaire, son système ventilatoire. Il améliore l’efficacité de son système immunitaire et de son métabolisme.
Par ailleurs, les perroquets ont BESOIN du vol pour s’exprimer pleinement :
– Se mouvoir.
– Fuir.
– Explorer leur environnement.
– Interagir avec les congénères.
– S’amuser.
Contrairement aux prédateurs, les perroquets ne volent pas uniquement par nécessité.
Le vol est essentiel à leur existence, leur équilibre psychologique et leur maintien en bonne santé.
N’avez-vous jamais remarqué que la plupart des perroquets souffrant de picage, comportements mutilatoires, autres soucis de santé et stéréotypies étaient des oiseaux qui avaient subi l’enfermement en espace restreint OU la taille des plumes de vol durant leur première année de vie ?
Alors que le perroquet est encore en développement physique et mental, l’absence de vol laisse de lourdes séquelles durant cette étape déterminante de leur vie.
« Mais ça repousse ! »
Certes, les plumes repoussent, fort heureusement… mais quelques mois de statisme auront tout de même des conséquences terribles et surtout durables pour des années encore.
Sachez enfin que si les perroquets sont les premières victimes de cette pratique, vous, humains qui cohabitez avec ces derniers, deviendrez inévitablement les suivantes…
Si vous aimez vos oiseaux, acceptez les dans leur intégralité.
Si vous avez peur de les perdre dans la nature, enseignez-leurs le vol.
Sinon, n’en adoptez pas.